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OMELIE / Omelie FR

18 mar 2018
18/03/2018  5ª Dimanche de Carême - B 

18/03/2018  5ª Dimanche de Carême - B 

1ª lecture Jer 31,31-34 * du Psaume 50 * 2ª lecture Héb 5,7-9 * Evangile J 12,20-23 

 

Le chemin que nous parcourrons avec Jésus est un chemin vers la croix. Aujourd'hui, il nous le manifeste avec certitude. L'occasion lui est donnée par un évènement simple : certains Grecs sont en train de le chercher. Si ce sont des Grecs, ils sont païens, ils appartiennent à un de ces peuples qui ne sont pas le peuple de Dieu. On peut deviner que la chose ne semblait pas normale par la façon dans laquelle cette recherche a été référée au Seigneur : ces Grecs parlent avec Philippe et Philippe va chez André (ce n'est pas un hasard que tous les deux aient un nom grec !) et puis tous les deux vont référer la chose à Jésus. Sont-ils intimidés par quelque chose ? En effet, précédemment, Jésus même avait manifesté quelques difficultés à rencontrer une femme de Canaan de langue grecque ; qui sait comment il réagira, maintenant, à cette demande des Grecs qui veulent le rencontrer.

La réponse donnée aux deux disciples, une réponse qui les laissent certainement étonnés, nous manifeste que Jésus lisait les faits comme des signes des temps, à la lumière du dessein du Père. Si maintenant les païens le cherchent, cela est certainement un signe que "l'heure est arrivée" ! Quelle heure ? Celle qu'il attendait depuis les noces de Canaan, l'heure de la gloire de Dieu, qui passe par sa manifestation à tout le monde comme le Fils de Dieu, comme le Serviteur souffrant, comme l'Agneau de Dieu, comme celui qui est transpercé.

Avec une petite parabole, Jésus explique la nécessité de ce qui va advenir, c'est à dire sa passion : le blé, pour porter son fruit, doit tomber par terre et mourir et ainsi sa vie, pour porter le fruit pour tout le monde, il doit mourir. Le même parcours est marqué pour les disciples mais aussi pour chaque homme. La règle du grain de blé est pour tous : celui qui veut conserver sa vie ne doit pas penser de la garder à tout prix. Celui qui veut la vie éternelle doit rester avec celui qui la possède : il perdra peut-être la vie en ce monde, mais le Père même s'occupera de lui et du Père il en recevra l'honneur !

Nous pouvons voir cette parole réalisée particulièrement dans la vie des Saints que l'Église propose à notre attention : d'une façon sublime, ils ont suivi Jésus, ils ont su lui offrir leur propre vie, il n'ont pas pensé à leur vie, mais à aimer le Seigneur avec tout leur cœur et à le servir en s'occupant des souffrants, des oubliés, des petits, de ceux où il cache sa propre présence et, en particulier, en le faisant connaitre et aimer à ceux qui ne le connaissent pas encore ! Ils reçoivent maintenant l'honneur de toute l'Église qui s'unit en cela au Père !

En pensant à sa propre mort, Jésus ne jouit pas : ils sent la souffrance, comme chacun de nous. Il ne cache même pas cette souffrance, il ne la refuse pas. Si sa mort est nécessaire pour la gloire de Dieu, c'est-à-dire afin que le Père puisse manifester son propre amour pour les hommes de tous les peuples, de toutes les races et de toutes les religions, il ne la refuse pas, au contraire ; il sait qu'il est venu justement pour cela !

L'évangéliste enregistre à ce point une voix du ciel, une voix interprétée comme un tonnerre par la foule incertaine, mais clairement perçue par le Seigneur : "je l'ai glorifié et je le glorifierai à nouveau !". Jésus avait été glorifié, manifesté comme le Fils de Dieu plusieurs fois et chaque fois qu'il accomplissait un miracle, et puis sur le Tabor. La nouvelle glorification sera la plus complète, pleine, avec la mort et ensuite la résurrection.

Pour qui écoute, Jésus fait noter que cette voix était pour eux. C'est nous, en effet, qui devons savoir que sa mort n'est pas un échec, mais une victoire ! Nous devons être certains que la mort de Jésus est la victoire sur le Malin ; tandis que ce dernier commande surtout sur les hommes qui veulent sauver leur propre vie. La mort de Jésus est une victoire tellement grande sur le malin que tous les hommes s'adresseront à lui pour sauver leur propre vie. Nous tous obtenons la vrai vie en partageant sa souffrance et sa mort. En souffrant et en mourant, il devient parfait en l'amour, en un amour fort que l'auteur de la lettre aux Hébreux appelle obéissance.

C'est l'obéissance à laquelle nous nous unissons pour avoir le salut et pour être prêts à renouveler les promesses du baptême quand nos catéchumènes mystiquement s'immergeront dans la mort de Jésus. Nous jouirons avec eux dans la nouvelle alliance, promesse appliquée et scellée avec le sang sur le Calvaire. Nous jouirons d'avoir dans le cœur l'amour même de Dieu, un amour sage et fort qui nous maintient en communion réciproque comme membres d'un même peuple, d'une même famille, d'un seul corps !