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Je vais a la Messe

Je vais a la Messe

 

" Alors l'Ange me dit:

Ecris: Heureux les gens

Invités au festin de noce de l'Agneau". (Ap. 19, 9)

 

 

 

 

Nous sommes trop « habitués » d'aller à la messe. Nous y allons ainsi, comme à un rite vide, sans vie: il ne porte alors, hélas, aucun fruit.

Je vais ici te communiquer quelques réflexions et l'écho aussi de ce qui se passe en moi pendant la Messe. Il se peut que tu auras du plaisir à connaître la façon dont un prêtre vit sa Messe et cela te sera sans aucun doute utile pour faire, de la Messe-même, la partie principale de ton existence.

Je n'ai ni su ni voulu épuiser en ces pages les mystères de la foi. D'ailleurs on ne peut le faire. Mais ces pages recueillent simplement quelques articles qui avaient été écrits en deux années pour un bulletin paroissial.

Lis-les, si tu veux bien, comme un échange d'expériences entre frères!

Don Vigilio Covi

 

 

UN SALUT

Les enfants qui entrent la première fois dans une sacristie restent bouche bée en voyant toutes ces armoires remplies de précieux parements que la pauvreté de nos vieux y ont déposés.

Quand je m'en revêts, je sais que ce ne sont pas des tissus précieux que j'endosse mais la foi, l'esprit de sacrifice et le grand amour de Dieu que nos parents, grands-parents et arrière grands-parents alimentaient d'une admirable générosité, récompensée à présent par Dieu: tous ces objets en or et ces broderies sont le fruit de leur travail et l'expression de ce qui est resté de leur foi et de leur vie.

Mais quelque chose d'autre est encore resté c'est notre foi, c'est le sens religieux qui pousse les gens à venir le dimanche, ces gens qu'une fois sorti de la sacristie je verrai éparpillés parmi les bancs de l'église. Parfois -pas toujours- je me demande justement s'il y a aussi de la foi nouvelle. Mais les choses se mêlent tellement qu'il est difficile de les distinguer. Même en ce que je dis pendant la Messe il y a des paroles anciennes de deux mille ans et il y en a de nouvelles et désormais on ne les distingue plus: elles font partie d'une même obéissance et d'un seul acte d'amour à ce Jésus qui a dit: "Faites ceci en mémoire de moi". Il est beau ce geste par lequel nous commençons ensemble: un signe de croix sur notre corps, un signe qui répète notre consécration: nous sommes à Dieu, à ce Dieu qui s'est donné à nous sans réserves. C'est le signe placé au commencement de notre vie et à la fin. Avec ce signe nous commençons et terminons notre journée. Avec ce signe nous commençons et terminons notre réunion. Même celui qui arrive en retard ne l'oublie pas. Nous ne sommes pas ici de notre volonté, ce que nous faisons nous ne le faisons pas à notre nom mais au nom de ce Père qui a envoyé son Fils et qui nous enveloppe à droite et à gauche de son Esprit. C'est un signe qui nous rappelle le Baptême mais aussi la confession de mes péchés: même alors ce signe a été répété sur moi: à présent je veux m'en rappeler, avec reconnaissance.

"La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous" (2 Co 13, 13):

C'est ainsi que je salue (à l'intention des retardataires aussi): avec les paroles de St. Paul lorsqu'il salua dans une lettre les chrétiens de Corinthe .. et tous ceux qui l'ont lue le long des siècles.

C'est un salut merveilleux. Comment l'expliquer? Ce n'est pas seulement un "bonjour, bienvenus", c'est la communication de quelque chose de Dieu: la bouche du prêtre prononce non des paroles d'homme, mais de Dieu. Quelqu'un d'attentif, en entendant ces mots sent que quelque chose de nouveau entre en lui, la grâce , l'amour, l'union d'esprit avec les frères présents. Je le sens presque comme un écho: "Et avec ton esprit". Aucun salut ne vaut cette réponse. Avec cette expression que quelqu'un prononce mécaniquement sans s'en rendre compte, vous me donnez le plus beau salut de la journée, le plus beau dont vous êtes capables. Est-ce que vous vous rendez compte que vous venez de me souhaiter que mon esprit soit uni à Dieu?

Cela est nécessaire pour que je puisse continuer la célébration. Quelquefois ce salut que vous me donnez c'est une douche froide qui m'éveille. J'étais fâché avec les enfants de chœur, j'en avais assez de tant de choses que j'avais vues ou entendues, j'étais désolé à cause du nombre de bancs vides, j'étais plongé dans les soucis d'une famille ou dans un problème et vous m'avez dit: "Et avec ton esprit" (c'est-à-dire:que ce soient les choses de Dieu et Dieu même). Je dois aussitôt me secouer et me remettre dans l'amour du Père et dans l'offrande de soi-même du Fils. Je dois plonger de nouveau mon esprit dans le Saint Esprit si je ne veux pas transformer en mensonge ce "Mon Dieu, pitié" qui suit aussitôt.

 

 

LES PECHES

"Qu'ont-ils à voir, mes frères, avec mes péchés? Il suffit que je dise: ”Je confesse à Dieu Tout-Puissant...”. Mes péchés c'est une chose à moi et personne ne doit s'en mêler".

Le sang du Christ doit les toucher. C'est Lui qui doit s'en charger, Lui, le Fils de Dieu, qui s'est fait désormais un avec son corps, l'Eglise. Ce que fait le Christ, c'est son corps, l'Eglise, qui le fait. Mes péchés, qui ont tellement sali le corps du Christ, l'Eglise, c'est une affaire à tous et non pas depuis que j'en demande pardon mais depuis que je les ai commis: à partir de ce moment-là ils ont affaibli le corps du Christ, ils en ont offusqué la joie, le témoignage du Ressuscité, ils ont entraîné dans la tiédeur beaucoup d'autres frères, surtout ceux qui ne se sont aperçus de rien, qui ne se doutent pas que je suis dans le péché.

"Je confesse à vous, mes frères...“ Je suis pécheur devant Dieu. Dans ma vie il y a également des péchés d'omission, de pensées , de paroles. Pour cela, ayez pitié de moi et ne me prenez pas en exemple: c'est trop peu; prenez en exemple Jésus Christ.

Les péchés “mortels”, ceux qui ont rompu l'union avec mes frères et avec l'amour de Dieu, ont été pardonnés dans le Sacrement de la Confession. Ils n'ont pas de place dans la Messe: ils gâteraient le climat du Saint-Esprit. Ils ont besoin d'un traitement spécial: d'être vaincus en demandant pardon à la communauté (à travers son ministre et ministre de Dieu). Mais combien d'autres imperfections d'amour, combien de chutes d'égoïsme, combien de tentations que l'on n'a pas évitées à temps, combien de mots et de comportements que l'on n'a pas contrôlés, ont constellé la semaine !

Je demande à être purifié et les paroles du prêtre m'assurent l'amour de Dieu et son intention de ne pas me laisser tomber: "Que Dieu Tout-puissant ait miséricorde de nous, pardonne nos péchés...”. Ces péchés de chaque jour et de toute heure, dont souvent je ne m'aperçois même pas et qui affaiblissent mon amour de Dieu et l'amour de Dieu en moi pour mes frères, ces péchés n'ont plus de consistance. La parole du prêtre me purifie et ce qui, tassé dans mon cœur, troublait ma paix a cessé de m'inquiéter. Je peux m'unir aux Anges de Bethléem en éclatant de , joie: “Gloire à Dieu...”. A l'adresse de Jésus Christ on peut battre des mains ou, mieux encore, l'applaudir avec ce chant qui, accompagné par l'orgue, rend jaloux les chœurs célestes.

Une fois ce chant terminé, j'invite tous à la prière; c'est moi qui la prononce au nom de la communauté réunie. Elle est toujours différente mais est toujours le fruit de notre humilité: nous avons besoin de tout. Aucun ami, aucune société ou assurance, aucun gouvernement ou patronage peut mettre dans notre cœur tout ce qui peut y demeurer: la joie, l'amour, la ressemblance à Dieu, l'Esprit même de Dieu: c'est à Lui que nous élevons nos yeux suppliants et confiants.

Maintenant moi aussi je m'assieds avec vous. Le prêtre aussi, de temps en temps, se tait et écoute. Et avec plaisir! La Parole de Dieu, qu'un homme ou une femme est en train de proclamer n'est pas faite seulement pour sortir de ma bouche mais aussi pour entrer dans mes oreilles et pour se transformer en obéissance au Père. Quiconque la lise c'est Dieu qui est en train de parler. Il est vrai que, parfois, le prêtre seulement comprend ce que l'on vient de lire: "ce prophète ou ce livre au titre drôle, ce sont les Juifs d'il y a trois mille ans qui l'auront compris; personnellement cela ne me dit rien".

 

 

A l’ECOUTE

Nous voici au moment où, assis plus ou moins confortablement, nous écoutons ou faisons semblant d'écouter la Parole de Dieu. Je le dis parce qu'en réalité c'est ce qui arrive.

La Parole que l'on nous proclame devrait pénétrer jusqu'au point où l'âme rencontre l'Esprit: elle y est destinée; elle devrait devenir une règle de vie et faire l'objet d'une méditation continue ainsi que d'une prière, elle devrait...

Mais il y a cependant des obstacles qui empêchent à la Parole d'accomplir son rôle. Jésus aussi connaissait ces obstacles et il nous a mis en garde!

Un premier obstacle c'est d'écouter la Parole comme on supporte sur un autobus le bavardage d'un voisin: "Ce quel dit n'a pas d’importance pour moi; cela ne me touche pas; il est en train de parler de ses affaires, moi j'ai les miennes. Qu'il parle s'il veut, j'entends ce qu'il dit mais j'ai déjà mes convictions".

On ne le dirait pas mais à la Messe beaucoup se comportent ainsi. S'il n'en était rien je n'aurais pas à répéter aujourd’hui ce que j'ai déjà dit l’année dernière ! Il y aurait une amélioration!

Et voilà un autre obstacle: "Il a bien parlé! C'est vrai ce que dit St. Paul. Il faudrait que tout le monde fasse de même". On attend que les autres écoutent; on écoute pour les autres. Moi j'espère que ce soient mes paroissiens qui écoutent, eux attendent que moi je me convertisse . C'est à qui attendra le plus longuement.

Un autre obstacle c'est la déception: "J'ai tenté si souvent de vivre selon l'Evangile mais ... les affaires, le travail, les camarades - pas toujours saints - les soucis... il faut se débrouiller!". De ce fait Dieu ne peut te prouver sa fidélité et sa puissance car tu ne lui en donnes pas l'occasion! Tu es là, assis sur le banc comme résignée : "La Parole de Dieu est valable pour les saints seulement, pas pour moi!" C'est une façon de considérer Dieu un menteur.

Un autre obstacle, plus répandu même s'il est moins vilain, c'est l'ignorance. Je veux dire l'ignorance spécifique des chrétiens - y compris les professeurs et les licenciés - une ignorance scandaleuse vis-à-vis de la Parole de Dieu, la Bible. C'est bien triste! Je préfère sûrement un chrétien qui ignore ce que sont les versets et les chapitres, mais humble, plutôt que celui qui pourrait connaître tout par cœur, mais orgueilleux. Ce n'est pas la connaissance qui nous constitue saints, mais le Saint Esprit! Mais il est vrai également que le Saint Esprit n'aime pas l’ignorance. Tu comprendrais mieux la Parole qu'on t'annonce à la Messe si tu avais quelque notion sur la Bible.

Celui qui surmonte ces obstacles découvre que la Parole de Dieu dans la Messe est une minière de sagesse, de courage, d'espérance, de force, d'amour, de certitudes et de joie; lorsqu'il répond au lecteur: "Rendons grâce à Dieu", c'est sincèrement qu'il le dit.

Comment ne pas remercier un Dieu qui parle avec notre même langage, qui se sert de nos façons de dire et de nos images et, par ce moyen, nous communique ses idées et ses projets, ses attentes et ses secrets, et nous fait ainsi redresser la tête par suite de la dignité que nous avons d'être ses interlocuteurs?

Ce qui est écrit sur le gros livre vert appelé “lectionnaire”, et qui est proclamé du pupitre, cela ne vient pas de quelqu'un qui veut me convaincre d'avoir raison; c'est la Parole qui vient du cœur de Celui qui m'a créé et sauvé, de Celui qui m'a soulagé du poids de mes péchés et de toutes mes craintes. C'est la Parole qu'on ne doit pas soupeser. Elle doit être accueillie sans réserve et conservée précieusement dans notre cœur. Il n'y a rien de mieux à faire.

 

 

CHANTER ... ET PRECHER

J'aime chanter même si je ne suis pas un bon chantre. Je sens que tout ce qu'il y a en moi ne s'exprime pas suffisamment avec les seuls mots. Il faut autre chose; le chant, tel qu'une médaille, a deux faces: d'un coté les paroles que l'on chante, de l'autre coté la mélodie. Parfois il y a de belles mélodies mais les paroles sont mauvaises: le chant alors n'est pas beau à moins qu'on renonce à penser à ce qu'on dit.

Lorsque je chante l'“Alleluja” avant l'Evangile, pendant la Messe, je sens que la médaille est complète. La parole est belle (elle signifie "louons le Seigneur") et la mélodie me fait respirer profondément puisqu'elle donne libre cours à toute la joie que j'ai en moi. C'est une vraie médaille -je continue la comparaison complétée de sa chaînette. Je veux dire que ce chant -ainsi que celui de "Gloire", "Saint" et "Agneau de Dieu''- se relie à toutes les générations de chrétiens du passé jusqu'à la Très Sainte Marie, aux prophètes et aux patriarches et aux générations futures, à celles vivant sur la terre et à celles vivant au Paradis. Là aussi on chante "Alleluja". Là aussi on loue Dieu et de la façon la plus véritable et complète. Tout en étant cet "Alleluja" une médaille complète et parfaite, je la porte quelquefois enrouillée et enfumée: c'est lorsque je ne jouis pas de la louange que je suis en train de donner à Dieu. C'est alors que mon chant sort de mes lèvres comme mort.

Mais en général je sens que ces quelques mots sont un résumé de toute ma vie qui, par son existence même et par son action, loue le Créateur. Il arrive aussi que, sans m'en apercevoir, ce bref chant, avec sa joie pascale, prépare l'esprit à accueillir avec enthousiasme la Parole que Jésus va m'adresser dans l'Evangile. La Parole de 1'Evangile c'est vraiment la Parole du Seigneur, même si ce sont mes lèvres qui la prononcent. Des lèvres d'homme ne seraient pas dignes de s'ouvrir pour proclamer la Parole de Jésus. Il faudrait que le Chérubin vienne avec des charbons ardents pour les purifier comme il arriva au prophète Isaïe dans sa vision; moi-aussi je prie tout bas, avant la lecture, sans que personne s'en aperçoive: "Seigneur, purifie mon cœur et mes lèvres pour que je puisse annoncer dignement ta Parole". Et ensuite je lis ce que les Evangélistes écrivirent sur la vie de Jésus, sur ses actions, sur ses discours. Je m'y suis habitué désormais et l'émotion ne me prend plus... mais comprends-tu ce que cela signifie de prononcer les paroles que Jésus a dit? J'aimerais les dire avec ce ton, avec ce sérieux, cette joie et cette paix qui étaient siens mais je n'en suis pas capable. Il faut que le Saint-Esprit intervienne directement dans le cœur de celui qui écoute.

Cette intervention du Saint-Esprit je l'invoque aussi généralement en attendant que les fidèles s'assoient et se mettent à l'écoute: "je vais prêcher mais mes paroles ne serviront à rien si Toi, Esprit de Dieu, tu ne les feras pas entrer dans les cœurs endurcis ... Mes paroles ne serviront à rien si elles ne renvoient pas aux tiennes et si celui qui les écoutent ne les reçoit pas de toi.

Quelquefois, sans rien te dire, je fais aussi ce pacte avec le Seigneur: "Laisse-moi faire piètre figure avec ce sermon pourvu qu'au moins une de ces personnes commence à t'aimer vraiment". Parfois c'est moi qui prépare mes sermons, parfois c'est le Saint-Esprit, lorsqu'il ne me reste pas de temps pour le faire. C'est pourquoi je ne me soucis pas de ce que je vais dire ou de ce que je dis: le Saint-Esprit est un bon souffleur, il souffle plus à celui qui écoute qu'à celui qui parle! Plusieurs fois ce sont les enfants de chœur qui m'aident à prêcher: pendant que je parle, ils prient pour que le Seigneur intervienne dans les cœurs.

Les sermons devraient être l'explication de la Parole de Dieu. Si je n'arrive pas à m'expliquer, ayez pitié de moi : je le dis au nom de tous les prêtres. Cependant, écoute le dernier: "La véritable explication de l'Evangile c'est la vie des Saints".

C'est un professeur qui enseigne à Rome l'Ecriture Sainte, et qui la lit en hébreu comme si cl était son patois, qui me l'a dit. Alors, si mes sermons ne te convertissent pas, regarde la vie des saints et laisse-toi convertir comme eux l'ont fait.

 

 

EST-CE QUE TU CROIS?

On pourrait la définir une répétition ou bien une préparation: je parle de "Credo". C'est la répétition se récite depuis des siècles qu'elle a récité en mon nom années. Maintenant j'en suis qu'au moment de mon baptême; je pas plus "vrai" alors! J'essaie de m'expliquer.

Le "Credo" a deux significations; l'une, la plus habituelle, est celle-ci: "je tiens pour vrai". Je crois que tu reviens du marché: je tiens pour vrai que tu en reviens. L'autre signification, celle de l'Evangile, ne concerne pas seulement l'intelligence et la connaissance mais elle touche la vie: “j’ai confiance” et "je me remets à Dieu ou bien “je me fonde sur” je crois en Dieu = je m'appuie sur Dieu, j'appuie ma vie sur Dieu, j'ai confiance en Dieu, je me remets à Lui.

Quand l'expression “je crois” signifie que je me remets à Dieu alors je peux dire que lorsque j'étais encore dans les langes mon "Credo" était plus vrai qu'aujourd'hui.

La récitation du "Credo" pour une personne saine, c’est-à-dire qui fait ce qu'elle dit, est extrêmement engageante. D'autre part elle est également joyeuse, sûre et rassurante.

Elle est rassurante parce que je déclare de croire c'est-à-dire de m'appuyer sur un Dieu qui est un Père Tout-Puissant; je me remets à un Tout-Puissant, de qui aurais-je peur? Qui craindrais-je? Par qui me laisserais-je influencer? Y aurait-il encore de la place pour la crainte des hommes et des évènements?

Elle est joyeuse parce que si j'ai la certitude et l'amour d'un Père, je peux vivre en ce monde comme un enfant qui joue! Son jeu est sérieux mais dans la joie.

Je ne veux pas examiner entièrement le "Credo" que nous récitons le dimanche: je devrais écrire un livre. Si quelqu'un veut en savoir davantage, qu' il m'en parle. D'ailleurs en chaque paroisse le curé, qui n'a pas encore été déçu par ses paroissiens organise quand c'est possible l'explication du "Credo" sans que nous attendions d'aller au Paradis pour comprendre ce que nous proclamons. Un chrétien qui ne veut pas vivre seulement de rentes et qui désire non seulement être soutenu dans sa foi par d'autres mais veut aussi aider ses frères, cherche des moments pour s'instruire, de façon à connaître même avec l'intelligence et autant que possible, son Dieu.

Combien qui ne connaissent pas encore les projets de Dieu emploient leur intelligence pour Lui enseigner (!) comment il devrait agir!

Le chrétien qui proclame avec les autres - comme il t'arrive à toi aussi le dimanche - sa foi en Dieu s’oblige à se former en cette foi pour pouvoir donner des explications sur ce qu'il dit.

Les moments de catéchèse - ou d'instruction chrétienne - des paroisses devraient donc être fréquentés autant que les Messes du dimanche. Toi aussi qui me lis, ne te contente pas de ce petit article mensuel.

Je disais au début que le "Credo" nous pouvons le considérer comme un moment de répétition mais aussi de préparation: la préparation à une vie toujours plus fondée sur Dieu le Père, sur Jésus et sur le Saint-Esprit.

'Arriverons-nous à nous fonder tout à fait sur Dieu? Nous avons trop les pieds sur la terre. Je m'étonne souvent de voir les chrétiens qui examinent leurs décisions (choix du travail, des compagnies, des achats, etc.) seulement du point de vue financier, ou de confort. Je suis en train de chercher - avec la lanterne - des chrétiens qui veulent prendre des décisions en se fondant seulement sur Dieu, sur sa Parole, sur ses désirs. Je suis en train de chercher quelqu'un qui croit, quelqu'un qui, en disant le dimanche avec moi ", je crois", dit la vérité.

 

 

DEUX FAMILLES: CELLE DE DIEU, CELLE DE SES ENFANTS.

Je crois en Dieu, le Père le Fils et le Saint Esprit. Mon Dieu c'est une famille, tellement unie qu'on peut dire qu'il s'agit d'un seul Dieu tout en étant trois personnes.

Quand je récite le "Credo" à la Messe, je me distingue ainsi nettement d'une infinité de personnes qui croient en un Dieu mais le voient en une seule Personne étant ainsi portées à le considérer comme un dominateur absolu, un égoïste qui crée tout pour soi et pense à sa propre gloire. Ainsi est le dieu découvert par les philosophes et par un grand nombre de religions excepté la chrétienne. Voilà pourquoi il n'est absolument pas indifférent d'être chrétien plutôt que musulman ou hindoue. C'est une grâce non commune que de connaître notre Dieu: pouvoir le voir comme unité de trois Personnes, où chacune donne gloire à l'autre, où chacune aime et se laisse aimer! Quel modèle pour la famille humaine et pour chaque communauté chrétienne! Si c'était indifférent pour moi d'être chrétien ou bouddhiste, cela signifierait soutenir que Dieu est menteur et fait des choses inutiles: la mort et la résurrection du Christ serait donc un caprice inutile?!

Attention donc, chrétien, quand tu parles ou tu penses: tu as professé ta foi devant tout le monde: ne la rends pas vaine par des affirmations superficielles et gratuites.

Après la profession de foi en Dieu, le "Credo" poursuit:Je crois l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique".

Cette expression aussi est vraie et engage. Combien voudraient croire en Dieu mais seulement jusqu'à un certain point, jusqu'à quand il ne demande rien de concret. Les démons aussi croient que Dieu existe et qu'il est Tout-Puissant ... mais ils se révoltent devant les demandes concrètes de Dieu. Nous devons nous distinguer des démons!.. A présent Dieu a agi dans l'histoire. A travers Jésus, son Fils, et le Saint-Esprit, il a uni les hommes, ses fidèles, en un seul corps qu'aujourd'hui nous appelons "Eglise". Des personnes qui ont décidé de vivre dans la foi de Jésus-Christ, qui ont le même Esprit, sont unies par Dieu. Voilà pourquoi nous disons "Je crois l'Eglise", comme si on disait "je crois que l'Eglise est l’œuvre de Dieu, du Saint Esprit qui unit (sainte), je crois que les chrétiens sont une chose seule (une) partout où ils se trouvent (catholique) pourvu qu'ils soient fondés sur la foi des apôtres (apostolique).

Ce que Dieu demande au chrétien c'est qu'il accepte de manifester concrètement sa foi en tâchant de collaborer pour le mieux à son oeuvre: 1'Eglise. Ta participation à la Messe c'est déjà un premier pas, indispensable parce que c'est bien ici que se construit l'Eglise, dans le sacrifice du Christ. Mais puisque l'Eglise ne vit pas le seul temps de la Messe car elle vit dans la continuité, tu te soucieras de favoriser le plus possible l'union entre les chrétiens et l'échange des biens spirituels et matériels de façon qu'on puisse voir, même à travers ta vie, que l'Eglise est l’œuvre de Dieu, véritable et belle oeuvre de Dieu.

Et tu feras cela même lorsque ça te coûtera car Jésus-Christ ne s'est pas épargné pour te sauver et t'unir à ses disciples.

Et ensuite tu dois te rappeler, toi qui dis "Je crois l'Eglise" que lorsque tu médis de l'Eglise c'est toi-même qui en souffriras car tu médis de ceux qui prient pour toi, de ceux qui te pardonnent au nom de Dieu, de cette communauté qui te fait vivre le salut; tu médis de Celui qui l'a voulue et l'a préservée le long des siècles et qui lui a promis et donné tout pouvoir en lui donnant son Fils.

"je crois la communion des saints": cela revient à dire "je crois que les saints (c'est-à-dire ceux qui se sont soumis à Dieu) qui vivent sur la terre ou bien déjà au ciel sont liés les uns aux autres par Dieu, par son amour, par son Esprit: c'est pourquoi nous demandons l'aide de nos frères qui sont déjà au Paradis mais nous nous aidons aussi entre nous par la prière et l'offrande de notre vie à Dieu.

Les "saints", c'est-à-dire les croyants, sont ainsi en communion entre eux si bien que le mal des uns exerce une influence négative sur les autres et le bien une influence positive, exactement comme il arrive dans le corps humain entre les différents membres:

"Un membre souffre-t-il? tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l'honneur? tous les membres se réjouissent avec lui. Or vous êtes, vous, le corps du Christ, et membres chacun pour sa part" (1 Co 12, 26-27).

 

 

LE PAIN ET LE VIN

Continuons: après la récitation du "Credo", nous prions ensemble avec une prière dite "des fidèles". On l'appelle ainsi parce qu'elle devrait se dérouler de cette façon: le prêtre invite à prier les uns pour les autres et pour toute l'Eglise. Si quelqu'un parmi les présents le désire, il propose à haute voix une intention de prière à toute l'assemblée. Tout le monde s'unit à lui en répondant:

"Ecoute-nous, Seigneur!" Cela se fait en réalité quand la Messe est célébrée par petits groupes. Dans les paroisses habituellement les intentions de prière sont proposées par une seule personne. Mais si une communauté paroissiale voulait s'ennuyer moins à la Messe, elle pourrait commencer à faire ce que font les petits groupes. Courage!

C'est avec cette prière que se termine la liturgie dite "de la Parole" et que commence la liturgie "Eucharistique". Je ne m'étonne pas si personne ne comprend ce mot: en effet c'est du grec et ceux qui ont été en Grèce pendant la guerre n'ont pas eu le temps d'apprendre cette langue. Ce mot "Eucharistie" signifie, d'une façon recherchée, remerciement.: ce qui suppose être conscients d'avoir reçu un don.

Nous avons en effet reçu la Parole de Dieu: nous remercions même si elle a été dure. Nous recevons chaque jour la nourriture et la vie: nous remercions. Nous recevons le Saint-Esprit et la présence de Jésus: nous remercions.

Le premier remerciement est pour le pain et le vin: ce sont deux aliments essentiels pour la vie et ce sont aussi ceux que Dieu a rendus essentiels pour la rencontre la plus belle et concrète avec Lui, pour les faire devenir le Corps et le Sang de son Fils.

C'est un juste remerciement: « Sois béni, Seigneur, Dieu de l'Univers! C'est de ta bonté que nous avons reçu ce pain et ce vin ... ». Le pain et le vin sont des choses très communes et résument tout ce que l'homme emploie pour se nourrir; elles sont significatives aussi pour le fait d'avoir été confectionnées. En effet soit le pain que le vin ne se trouvent pas en nature. Il y faut le travail de l'homme. Le pain et le vin sont donc le résultat de la collaboration de la terre avec le travail de l'homme. Ce sont des dons de Dieu.

En bénissant Dieu pour le pain, nous le remercions donc aussi pour la création et pour la créativité de l'homme.

Les chrétiens répètent ce remerciement à chaque repas, quand ils prient et bénissent la nourriture avant de se mettre à table: c'est un acte de justice à l'égard de Dieu et un acte d'humilité et de vérité de la part de l'homme: cette nourriture n' est-elle pas un don de Dieu? C'est le fruit de dons tels que la santé, le travail, la terre, la collaboration de plusieurs.

Le prêtre unit ensuite quelques gouttes d'eau au vin destiné à la consécration. Ce geste a une origine historique: le vin dont on se servait en Palestine était (et il l'est encore) tellement alcoolique qu'on devait toujours le couper avec de l'eau. Au cours des siècles on a donné à ce geste une signification différente qu'on a maintenue.

La signification est double: d'un coté c'est la reconnaissance que Jésus-Christ est Dieu et homme (le vin est le symbole de la divinité, l'eau de l'humanité), d'autre part c'est le signe de notre union à sa vie divine: nous, chrétiens, sommes tellement unis à Jésus que le Père reconnaît en nous la présence de son Fils unique.

 

 

LA POCHETTE DU SACRISTAIN

Quelqu'un a dit que l'argent c'est l'excrément du diable qui toutefois peut servir en tant que fumier à la vigne du Seigneur!

Et voilà sous ton nez la pochette du sacristain. Qu'a donc à faire l'argent avec la Messe? Rien. Mais c'est toi qui a à faire avec la Messe. La Messe n'est pas seulement une prière: c'est rester ensemble avec ses frères et ses sœurs, cl est réaliser quelque chose ensemble. Et pour rendre cette rencontre plus belle et accueillante il y faut des cloches, des lumières, des fleurs, du détersif, de la main d’œuvre, une assurance contre les incendies ... et ensuite, pour que cette rencontre ne soit pas hypocrite et fausse, il faut penser aux plus nécessiteux afin qu'ils ne se sentent pas abandonnés. Nous devons aussi faire justice dans le monde entier: prendre là où il y en a et mettre là où il n'y en a pas, ce qui veut dire prendre de l'argent dans nos poches et mettre du riz dans la bouche des indiens affamés ou des tracteurs entre les mains des campesinos de Bolivie.

Ensuite, puisque nous avons laissé aller des Missionnaires dans le monde entier pour qu'ils donnent gratuitement ce que gratuitement nous avons reçu l'évangile, l'annonce du pardon de Dieu, les sacrements) nous ne pouvons pas nous permettre de les abandonner ni de les obliger à peser sur les épaules de leurs convertis, généralement bien plus pauvres et mal mis que nous.

Voilà comment on "gaspille" ta petite monnaie! Mais tu n'as pas honte? Tu brûles sept paquets de cigarettes par semaine; même si tu fais brûler - en bougies - un peu plus qu'une petite monnaie ne pense pas d'être un héros digne de la première place au Paradis. Le Paradis ne s'achète pas. Même si tu fais une aumône qui te laisse les poches vides, tu ne fais que rendre à Celui dont tu as reçu même tes pantalons.

En quelques églises l'argent que l'on recueille est déposé aux pieds de l'autel. C'est un signe. Le signe du travail de l'homme que l'on présente à Dieu avec le pain et le vin: le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ; le travail devient l'instrument de l'amour de Dieu pour la communauté et pour les frères plus pauvres. Jésus a loué la veuve qui, dans le trésor du temple, avait mis deux petites monnaies. Jésus ne loue pas l'argent qu'elle donne mais sa disposition à donner. Elle y avait mis son cœur: le cœur que l'on donne à Dieu pèse plus qu'un sachet plein d'or.

C'est pourquoi quand tu prends ta petite monnaie et tu la laisses tomber dans la pochette du sacristain, n'oublie pas de laisser tomber d'abord ton cœur, de le déposer sur l'autel avec le pain, de le présenter à Dieu pour qu'il transforme ce cœur fermé, qui pense à soi seulement, en un cœur qui bat au rythme de ses frères, prêt à écouter, à voir les nécessités, à intervenir sans réserves. Intervenir avec les instruments disponibles aujourd'hui: ce n'est pas seulement le portefeuille; des instruments plus coûteux et nécessaires pour le bien de nos frères peuvent être les heures "perdues" au Conseil municipal, aux assemblées des associés des différentes coopératives et associations etc., les interventions qui pour les chrétiens ne sont pas facultatives, mais dues, aux Conseils de classe et d'institut dans les écoles primaires, moyennes et supérieures, les engagements avec les pompiers volontaires et ceux plus spécifiquement paroissiaux de catéchistes ou d'assistant des enfants ou de participant au Conseil paroissial.

C’est ici que s'achève l'offertoire de la Messe autrement ta Messe te semblera bien vite un jeu d'enfants.

 

 

REMERCIEMENT, SOURCE DE SALUT

Le latin n'a jamais été pour moi une langue agréable. Je l'ai appris bien ou mal et je le comprends encore. C'est une chance pour les évêques et les prêtres de le connaître car ils peuvent ainsi se comprendre d'un bout à l'autre du monde. Mais si je pense à mes paroissiens, seuls les plus âgés en connaissent quelques phrases parce qu'ils lés ont récitées ou chantées des centaines de fois.

Dans le langage liturgique (c'est-à-dire dans les prières que l'on dit pendant la Messe) il y a des mots qui ont été reportés tels quels sans être traduits du latin en italien. L’un est le titre de la prière solennelle de la Consécration: c'est le "canon" qui commence par la "préface".

"Canon" veut dire "règle". La prière de consécration est le Canon de la Messe: elle ne peut manquer et doit être telle qu'elle est écrite dans le Missel: le prêtre ne peut pas l'inventer; il ne peut rien y enlever ni rien y ajouter.

Le texte n'est pas unique: il y en a quatre pour le temps normal, deux autres pour les temps pénitentiels et trois pour les Messes où la plupart des participants sont des enfants.

Le Pape peut, d'accord avec les Conférences épiscopales, en promulguer d'autres si cela semble nécessaire.

Le Canon débute toujours par la Préface; ce mot signifie “introduction” ou "discours d'ouverture". C'est la prière plus belle. Elle commence par un dialogue entre le prêtre et ses fidèles:

"Le Seigneur soit avec vous"

"et avec ton esprit"

"Elevons nos cœurs!"

"Ils sont tournés vers le Seigneur"

Parfois ces phrases résonnent mal parce que pour quelqu'un il s'agit d'un mensonge. Facilement le cœur est tourné - par sympathie ou antipathie vers quelqu'un d'autre. Qu'il est difficile de maîtriser notre cœur! En ce moment-ci il faut l'élever vers le Seigneur, au-delà de la terre, au-delà des raisons qui nous font jouir ou souffrir dans la situation particulière que nous vivons. Il est impossible sinon de pouvoir dire "Rendons grâces à Dieu".

Nous remercions Dieu pour toute chose, pour petite qu'elle soit, et pour tout fait, bien que menu, car cela "est juste et bon". Mais à présent, ensemble, nous voulons exprimer notre reconnaissance pour tous ses bienfaits qui touchent tous: toute la communauté réunie et celle plus vaste qu'elle représente, l'Eglise universelle et le monde entier.

La Préface qui va commencer "Il est vraiment juste et bon" est un remerciement solennel de l'Eglise entière pour les différents mystères qui lient notre vie à celle de Dieu, notre histoire à son éternité. Et puisque plusieurs sont les faits dont Dieu s'est servi et dont il continue a se servir pour notre joie et la plénitude de notre vie, plusieurs sont également les raisons de notre remerciement: plusieurs sont donc les Préfaces qui sont proclamées: à Noël nous remercions pour l'Incarnation, pendant le Carême pour la miséricorde de Dieu, à Pâques pour la résurrection de Jésus, à la Pentecôte pour l'Esprit versé en nous, aux funérailles pour la promesse de vie nouvelle qui alimente notre espérance etc.

Chaque Préface s'achève avec le chant des Séraphins: "Saint, Saint, Saint".

La première phrase de ce chant a été entendue par Isaïe et St Jean (Is 6,3; Ap 4,8) dans leurs visions du Paradis tandis que la deuxième partie c'est le cri de joie des disciples et des enfants de Jérusalem:

"Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna!"

"Hosanna" est une exclamation hébraïque correspondant à notre "vive" et originairement ce mot signifie "Donne le salut, sauve donc!". En combien de mélodies ont été harmonisées ces acclamations! Peut-être sommes nous arrivés à susciter l'envie des anges!

 

 

LA VIE DANS LE PAIN

Je ne sais pas comment commenter la partie centrale de la Messe, celle de la Consécration. Si j'essaie d'expliquer mot par mot je n'en finis plus. Si je veux être complet je dois me taire tout à fait car un homme ne peut comprendre pleinement le mystère que nous célébrons et moi moins encore car non seulement je suis un homme, mais je suis aussi un grand pécheur.

Parfois Dieu me fait la grâce de comprendre quelque chose dans ses intentions à l'égard de l'Eucharistie mais c'est comme un éclair qui disparaît subitement en laissant toutefois la certitude de sa lueur et une joie profonde du mystère.

Pourtant, puisque je me suis embarqué dans cet exploit de vous commenter la Messe, j'essaie de balbutier ce dont je suis capable.

Jésus a attendu trois ans avant d'admettre ses apôtres, ses amis les plus intimes, à observer avec étonnement et à jouir en inconscients de ce moment que nous connaissons comme la dernière Cène.

Ils n'étaient pas plus saints que nous et il ne le sont pas devenus ce soir-là (ceci me console quand on me fait remarquer que celui qui va à la Messe, et moi-même j'y vais, reste un pêcheur). Qu'auront compris les apôtres? Rien peut-être et cependant pour eux cette expérience-là a été déterminante. Ils avaient souvent mangé avec Jésus. Mais manger du pain sur lequel avaient été prononcées des paroles nouvelles c'était vraiment une nouveauté surtout parce que ces paroles n'étaient pas mystérieuses tout en cachant un mystère. "Prenez et mangez-en tous: ceci est mon corps donné en sacrifice pour vous".

Ce pain, dans l'intention de Jésus et dans ses mains, n'est plus de la farine pétrie avec de l'eau et cuite pour des estomacs vides, ce pain cl est le corps -la vie, l'existence, la présence que Dieu lui avait donné et qu'il avait offert à son Père. Le Corps du Fils de Dieu!

Une parole avait suffi à Dieu pour créer l'univers et pour donner la vie au premier des hommes e chair; une parole de son Fils suffit à Dieu pour donner à un morceau de pain une nouvelle signification ainsi qu'une nouvelle consistance.

Une nouvelle création se produit. La Parole de Dieu crée. Ce qui m'étonne et qui pourtant est sage, saint et beau c'est que cette Parole de Dieu puisse aujourd'hui sortir de mes lèvres et se poser sur un peu de pain qui est déjà là tout prêt. Cela m'étonne car moi je suis ce que je suis, le pain est ce qu'il est et Dieu pourrait faire davantage et mieux; mais il me semble savant et beau que Dieu se serve de sa création rebelle et déchue, faite de matière qui se corrompt, pour l’œuvre la plus grande qui existe, pour une oeuvre tellement spirituelle qui touche et l'« emprisonne » Dieu-même. Ainsi ce pain non seulement change de valeur mais aussi mes main-à qui le touchent, mes lèvres qui prient sur lui et tout ce qui a à faire avec lui: ceux qui m’ont appris à parler, m'ont construit mes mains, ceux qui ont travaillé pour faire ce pain; il y a là dedans toutes les générations et le monde entier. Ce pain devient la présence éternelle de Dieu dans le "concentré" de toute la création, y compris l'activité humaine.

N'est-ce pas quelque chose de grand et de sublime?

Nous sommes à la porte du Paradis. Le silence de l'assemblée qui accompagne mes paroles (même les plus effrontés présents dans l'église, dont personne ne peut fermer la bouche, se taisent en ce moment), ce grand silence exprime que nous avons au moins compris de ne plus nous trouver sur la terre mais plutôt dans l'au-delà.

Merci, Jésus-Christ: Tu nous rends présents à Toi-même avec notre corps qui nous pousse au péché. Gloire à Toi, Jésus-Christ, qui te mets dans nos mains comme un pain pour transformer notre vie dans la tienne par l'intérieur et pour faire en sorte que le Père, en nous regardant, te voie Toi.

Gloire à Toi: Tu comprends ce que nous ne comprenons pas et cela vaut mieux; nous pouvons ainsi avoir confiance entièrement et seulement en Toi.

 

 

LE SANG

Certains prêtres, parmi ceux qui sont véritablement saints, lorsqu'ils arrivent au moment de dire "Ceci est mon Corps" éprouvent un coup au cœur: ils sentent que, d'une façon inexplicable, ce "mon" concerne aussi leur propre corps. Et ils ont honte de le dire parce qu'ils savent que personne ne les a crucifiés mais d'autre part ils sentent que cela est vrai car eux aussi sont des consacrés et avec Jésus-Christ ils ne forment qu'un.

Quand je prononce ces mots, je suis convaincu que personne ne peut penser cela de moi sinon je rougirais vraiment sachant que mon corps est bien nourri et n'est ni "offert" ni brisé par personne.

Je prends dans mes mains ce pain et je le lève: Regardez-le tous. Vous voyez, c'est du pain: Dieu se rend capable d'être mangé par nous. Auparavant j'avais tendu mes mains sur ce pain en invoquant l'Esprit, cet Esprit qui donne la vie et la renouvelle. Je n'ai rien vu mais je sais que cette obéissance à Jésus, ce geste simple avec une parole qui n'est pas à moi, a obligé Dieu à créer. Regardez ce pain: Dieu a agi sur lui, il ne vient plus de la terre, il vient maintenant du ciel. Je m'agenouille.

Que pourrais-je faire d'autre?

Je devrais disparaître comme Jésus a ”disparu”. Sa présence maintenant est tellement cachée que seule la foi peut la contempler et seul l'amour peut s'en rassasier. Celui qui ne croit pas et qui n'aime pas en ce moment de la Messe doit penser que nous sommes tous fous. C'est vrai. Nous sommes fous de la folie de Dieu.

Je prends le calice. Et la même chose se produit.

On m'a demandé ce que je sens à ce moment-là. Je ne sens rien. Mais il n'est pas nécessaire de sentir Dieu. Ce n'est pas ma tâche. Si je ne sens rien cela ne signifie pas qu'il n’arrive rien. Je ne sens rien mais je sais que mes gestes sont une obéissance à Jésus. Je sais que c'est lui qui agit. Cela me suffit pour croire que le calice que j'ai entre mes mains c'est un don de Dieu, le don le plus nécessaire à tout homme qui naît. Tout homme naît avec une tare qui remonte aux générations d'un passé extrêmement lointain. Une tare qui, comme une force cachée, pousse à voir en Dieu un rival, un ennemi. Une tare qui porte au péché.

Et celui qui est tombé dans le péché comment peut-il rétablir un rapport avec soi-même et avec le Père de tous? Chaque péché est tellement intime, il pénètre si profondément toute la personne qu'il semble avoir empoisonné le sang; il l'a même vraiment empoisonné.

En effet, si nous vivons constamment dans le péché, notre visage aussi change tellement qu'on peut lire le péché sur notre front, on ne peut plus le cacher, comme Chain.

Comment purifier le "sang"? Le peuple juif connaissait cet effet du péché et savait qu'il fallait purifier le sang (la vie); ils remplaçaient leur propre sang par celui d'animaux coûteux, ils le versaient sur l'autel pour signifier qu'ils remettaient de nouveau leur vie à Dieu, repentis de l'avoir abandonné.

Mais le sang d'animaux est toujours un sang d'animaux, tellement peu représentatif qu'il en faut continuellement...

Le sang du Fils est plus précieux que le notre. Il est agréé par Dieu. Le sang du Fils dans nos mains et dans nos veines force le Père à avoir pour nous un regard nouveau car il voit en nous la “vie” de son Fils; Il nous voit tellement intimement liés à son Fils que notre chair de péché devient la source d'une miséricorde plus grande. Le sang du Fils crée ainsi une alliance nouvelle et éternelle avec le Père.

La première alliance était vite rompue. Il suffisait un péché de l'homme et l'engagement de Dieu à son égard n'était plus valable. La nouvelle alliance personne ne peut la rompre, pas même avec le péché car Dieu voit dans nos mains et notre corps le sang de son Fils. Dieu ne rompt plus sa nouvelle alliance tant que ce sang, la vie de Jésus est en nous. C'est pourquoi "celui qui croit dans le Fils aura la vie" peut nous dire Jésus.

 

 

SACRIFICE ET CALICE

Encore un mot sur la Consécration. J'ai déjà dit que l'on n'arrive pas à tout dire ... et c'est vrai. Cependant je veux m'arrêter un instant encore sur deux mots que nous employons fréquemment et dont le sens risque d'être ignoré.

Le premier est "sacrifice".

La Messe est un sacrifice. "Ceci est mon Corps offert en sacrifice pour vous".

Nous avons l'habitude de donner à ce mot le sens de quelque chose qui nous conte et dont nous nous passerions volontiers.

Les juifs qui employaient le mot correspondant exprimaient par celui-ci l'action de s'approcher, d'aller tout près. "S'approcher de Dieu!". Ils pensaient, ils désiraient de tout leur être de S'approcher de Lui et ils cherchaient les moyens pour le faire. Ils ont trouvé les moyens que nous connaissons: chanter ses louanges, raconter ses prodiges, brûler des animaux sur l'autel en pierre, verser du vin et de la farine autour de l'autel, faire l'aumône, etc. Moyens louables s'ils sont l'expression d'un cœur sincère et aimant: Dieu accepte volontiers le sacrifice d'un "cœur repenti et humilié".

Mais ce n'est pas difficile de devenir hypocrites: en faisant des offrandes considérables, en achetant des animaux gros et gras pour les brûler sur l'esplanade du Temple, et cela sans changer le cœur. L'hypocrisie attire la colère de Dieu!

Nous nous rendons compte que l'homme qui désire "s'approcher de Dieu" n'est pas même en mesure de faire un pas si Dieu ne lui en montre la direction.

Même si tu faisais des actions héroïques... comment savoir si elles te présentent à Dieu? Au fond, chaque initiative que nous prenons est tachée d'égoïsme ... et l'égoïsme ne nous rapproche pas de Dieu.

Voilà qu'à ce point Dieu même prend l'initiative. "Je suis la voie" dit Jésus. En Jésus Christ tu rencontres Dieu.

Il "est passé de ce monde au Père" dit St. Jean: il a réalisé le véritable "rapprochement", le vrai sacrifice.

Sa mort (son corps offert) est le sacrifice unique. Si tu rencontres moyennant la foi Jésus Christ, tu es auprès de Dieu, tu es déjà à Dieu! "Mangez tous!": c'est le moyen de réaliser le sacrifice de rencontrer Dieu. C'est un moyen simple, qui ne coûte pas. Mais oui, cela te coûte; il n'est pas question de te dépouiller d'abord de tes richesses ou d'accomplir des actions héroïques, mais il s'agit de te débarrasser de ton orgueil, du désir de te vanter devant Dieu, de vouloir être quelqu'un. Il s'agit de devenir si petit jusqu'à croire que Dieu veut te rencontrer quand tu manges un morceau de pain avec les autres. C'est le morceau qui touche ton cœur.

L'autre mot que nous employons et dont le sens est plus profond que ce qu'il peut sembler c'est "calice".

Quand la mère de Jacques et Jean demanda à Jésus que ses deux fils eussent la possibilité de s'asseoir à sa droite et à sa gauche, il leur demanda: "Pouvez-vous boire le calice que je boirai?".

Boire le calice de quelqu'un cela ne signifie pas déglutir une gorgée de liquide ... mais partager son sort, s'associer à son bonheur comme à son malheur ...

Quand je vais au bistrot et je trouve quelqu'un heureux car il a acheté une voiture ou parce qu'il a eu un enfant, il veut partager sa joie et il m'invite à boire.

Je rentre dans la maison d'un mort; les parents voient que je partage leur douleur: ils m'offrent quelque chose à boire. Je bois à leur calice: boire est seulement un petit signe que je participe à leur joie, à leur douleur, à leur vie. Une participation qui augmente la joie ou soulage la douleur.

Boire au calice de Jésus-Christ signifie participer à sa mort et à sa résurrection. Participation à son amour qui arrive jusqu'à se donner entièrement sans plus regarder à son propre intérêt.

Boire au calice de Jésus avec les autres cela signifie savoir que ma vie et mes richesses, mes joies et mes douleurs ne sont plus seulement à moi: elles sont à Dieu et tous peuvent s'en servir.

Ma vie doit servir aux fins de Dieu. Je n'ai plus rien de privé si ce n'est pour grandir en cette dimension d'amour universel, d'amour divin.

 

 

MYSTERE ET FOI

"Mystère de la foi". Je le dis à haute voix comme si je voulais me rappeler que ce que je suis en train de célébrer, c'est-à-dire toute la Messe est fondée et se déroule aux niveaux les plus profonds et lumineux de mon existence: au niveau de ma rencontre avec Dieu. Je me trouve dans la situation d'Adam au Paradis terrestre, avant son péché. Selon le langage biblique il "se promenait avec Dieu". Je suis en train de vivre des actions de foi. Le foi n'est pas de l'obscurité, c'est une lumière jaillissant au-delà de l'intelligence. Le mystère de la foi ce n'est pas une ténèbres dense: c'est au contraire la connaissance de Dieu c'est la possibilité de voir le dessein dl amour de Dieu, si beau et si intelligent qu'on peut le comprendre seulement par la foi en restant à son coté avec confiance et simplicité.

Tes cotes et ton épine dorsale tu peux les voir seulement à l'aide de la lumière des rayons “X”. Pour voir les pensées de Dieu et ses actions les plus grandes, celles qui soutiennent le monde de ta vie éternelle, il te faut la "lumière" de la foi.

La foi connaît les mystères de Dieu. L'amour les vit. Même la foi de Satan connaît les mystères de Dieu et c'est tellement vrai qu'il ne veut même pas les entendre nommer. Ta foi, soutenue par l'amour, les proclame maintenant à haute voix, avec force: "Nous annonçons ta mort, Seigneur, nous proclamons ta résurrection en attendant ta venue".

Par ces mots, ta foi cachée se révèle: tu proclames le sens le plus profond non seulement de la Messe à laquelle tu participes, mais aussi de toute ta vie qui est à présent plongée dans la Messe: le sens de ta vie dans le dessein de Dieu. Sais-tu quel est-ce?

Chrétien, ta vie est pour l'annonce et l'attente. Chaque jour ta foi, celle que tu vis, annonce l'amour et la rédemption de Dieu pour tous les Hommes en Jésus-Christ, et chaque jour tu attends (avec joie?) ton Sauveur, celui qui est devenu le premier en toi. Ne te dérobe pas à ces mots: petit à petit ils graveront ton intérieur jusqu'à le faire émerger sur les égoïsmes et les passions de ton corps destiné à la terre.

Ta vie aussi participe au mystère de la foi: ce n'est pas une vie qui termine au cimetière ou qui, chaque jour, s'achève sous les couvertures; ta vie se déroule devant Dieu: tu peux la voir et la comprendre seulement à la lumière de la foi.

De quelle foi? De la tienne? Rappelle-toi: les démons aussi ont "une foi". Ne t'y laisse pas prendre.

Nous voulons posséder et être possédés seulement par la foi de l'Eglise, héritage des Apôtres; c'est une foi plus grande, plus forte, plus sainte, plus sûre que la "mienne".

C'est une grosse illusion que de vouloir avoir une foi à soi... elle est certainement limitée et conditionnée par nos vices, notre ignorance, notre orgueil et notre incrédulité.

Tu vois combien les paroles de la Messe - les tiennes et les miennes - sont chargées de vie! Le temps de la Messe n'est pas suffisant pour en saisir tout le sens et la valeur!

Après l'acclamation, pendant que tu gardes de nouveau le silence, je commence une série de “Prières” ou de "discours" avec le Père. Un remerciement avant tout, et le remerciement n'est pas fait de paroles mais d'une attitude du cœur: "Nous t'offrons ce sacrifice vivant et saint". C'est un sacrifice saint parce qu'il vient de Dieu-même. C'est la vie de son Fils unique. C'est un sacrifice vivant pour la même raison mais aussi parce qu’en lui il y a ma présence et la tienne; en offrant au Père son Fils, Jésus, je m'offre moi-même qui suis lié au Fils pour toujours par mon Baptême et ensuite - dois-je te le dire? - je lui offre ta vie: étant ton pasteur et père ... je sens que je peux et que je dois le faire.

 

 

L'ESPRIT ET L’EGLISE

Parmi les prières que je récité après la Consécration, il y en a une qui a un nom difficile: "Epiclèse". Comme tu peux imaginer, c'est un mot grec: "invocation". C'est l'invocation à l'Esprit Saint afin qu'il opère une transformation. Je l'ai invoqué, les mains tendues, sur le pain et sur le vin pour leur transformation dans le Corps et le Sang du Seigneur; maintenant je l'invoque aussi sur nous tous: nous aussi avons besoin de la même transformation: au lieu d'être séparés, éloignés et parfois même ennemis, nous devons devenir "un seul corps et un seul esprit", nous sommes destinés à devenir nous aussi “le Corps et le Sang” du Christ.

Cette prière a été tenue pour très importante depuis toujours. Mais, j'ajoute, plus que la prière, ce qui est important c'est son exaucement. Que serions-nous si nous n'étions pas renouvelés par l'Esprit du Seigneur? Chaque jour nous voyons ce que nous sommes: c'est pour cela que chaque jour nous invoquons l'Esprit de Dieu pour que, en mangeant le pain et en buvant le vin transformés par Lui, notre vie personnelle et notre vie ensemble puissent être transformées.

Nous qui mangeons le Corps du Seigneur devenons -je dis là une énormité- le Seigneur même: l'Eglise est appelée par St Paul Corps du Christ. Avec Lui nous formons une seule chose, un seul organisme. Nous devrions avoir honte jusqu'à l'invraisemblable de ne pas en être dignes: c'est vrai. Mais d'autre part Lui, Jésus Christ, est digne d'avoir un"corps" vivant pour agir et être présent en ce monde pour l'amour duquel il a affronté la passion et la mort.

C'est l'Eglise le corps qu'il utilise pour transformer ce monde et pour le rendre plus humain (ou plutôt plus divin). S'il n'a pas honte de nous malgré nos p échés et nos infidélités 1 eh bien, tant mieux pour nous (de qui ne devrait il pas avoir honte?)! Il se sert de tout ce qui est faible, pauvre, mesquin, méprisé, il se sert de nous.

C'est bien parce que nous n'avons rien de quoi nous vanter, que dans le bien que par sa grâce nous répandons sous différentes formes et façons, resplendissent seulement sa puissance, sa richesse, sa gloire.

La faiblesse, la fragilité de l'Eglise devient ainsi l'instrument de la gloire de Dieu.

En continuant ma prière je me rappelle justement de cette Eglise. Je prie pour elle en trois directions; avant tout pour les vivants: je demande au Père de conserver dans la foi et dans l'amour le Pape, l’évêque, les prêtres et tous les fidèles. Le Pape et l'évêque je les nomme expressément avec leur nom: ce sont des personnes concrètes avec une date et un lieu de naissance. Dieu se sert d'eux pour moi et pour toi; ce ne sont pas des anges:ils ont besoin du soutien de notre prière et de notre obéissance pour exercer leur rôle avec sérénité, force et, joie.

Je confie ensuite à la clémence de Dieu les défunts que nous avons connus, qui ont vécu avec la foi dans le cœur et dans les oeuvres mais qui, peut-être doivent encore purifier leur esprit avant qu'il soit libre de tout lien terrestre et prêt pour la gloire. Eux-aussi font partie de l'Eglise: vivants ils en ont fait partie et ils jouissent à présent des bénéfices de la prière des frères.

Enfin nous prions pour nous-mêmes et pour nous je demande la chose principale: d'arriver à tenir compagnie aux Saints: Marie, les Apôtres, le Saint Patron et tous les autres. C'est là 1'Eglise stable et définitive, l'assemblée réunie autour du Seigneur pour ne plus s'en séparer: et nous regardons dès maintenant à ces frères qui , jouissent définitivement de l'amour parfait de Dieu car nous avons déjà été appelés et avons déjà fait les premiers pas pour les rejoindre, pour entrer dans la “Jérusalem céleste”.

L'Eucharistie que nous mangeons est justement la nourriture qui donne la force pour ce chemin.

 

 

PERE

Dans notre réflexion, nous sommes arrivés à la prière de "Notre Père". C'est celle qui a été prononcée la première fois par les lèvres de Jésus. Personne n' est digne de la répéter. Si nous le faisons c'est pour obéir à Lui, à Jésus, et parce que nous savons que le Père est content que ses fils lui adressent la parole. C'est pourquoi "Obéissants... nous osons dire: Notre Père ...

Chaque mot de cette prière a un poids et un sens aux dimensions infinies. Le nom de "Père" est un terme pris de notre expérience humaine. C'est ainsi que nous nous adressons au Dieu du ciel et de la terre. Et avec ce nom nous éliminons les éventuelles distances, injustement créées par nos philosophies et idéologies, entre l'homme et Dieu.

Le mot "Père" nous rappelle l'engagement que Dieu a pris avec nous: un engagement d'amour, d'amour ... anticipé, . Oui, il nous aime avant même que nous le remercions. Il nous aime alors que nous sommes encore des pécheurs, exactement comme un papa aime son enfant avant qu'il naisse, avant d'en avoir la reconnaissance. En appelant Dieu par le nom de "Père" nous gardons le respect pour lui (nous ne l'appelons pas par son nom comme nous n'appelons pas par son nom notre papa: ce serait un signe d'égalité) et en même temps nous ouvrons notre cœur à une confiance affectueuse qui nous permet de nous abandonner à sa volonté et à ses désirs.

Vis-à-vis du Père, avec la confiance en Lui, naît aussi l'honnêteté envers ses autres enfants: je dois les reconnaître comme des frères pour que je puisse dire "Notre Père". Je suis seulement un de ses enfants, un membre de sa famille par laquelle je suis aidé et dans laquelle je suis co-responsable.

C'est pour cela que la prière de "Notre Père" est très engageante soit au point de vue individuel qu'au point de vue social. Elle met sur mes épaules les besoins, les souffrances, les vicissitudes de tous les autres pour que je les porte avec eux. Je ne m'étonne donc pas que beaucoup ne prient plus ou, s'ils prient, qu'ils n'arrivent pas à s'arrêter quinze minutes pour répéter ou méditer les mots de cette prière: ils sont trop compromettants.

« Que ton Règne vienne ». Je dois être disponible pour que toi, Père, dictes tes lois à mes pensées et à mes actions, pour que tu règnes sur moi.

« Donne-nous aujourd'hui... » le pain qui nous est nécessaire pour aujourd'hui! Nous ne pouvons pas demander à Dieu de nous enrichir. Que faire de tas d'argent si cette nuit je dois mourir? Je demande par contre "notre" pain: ce que j'ai hl est pas seulement à moi. Si je voulais en jouir tout seul je serais malhonnête avec le Père auquel j'ai demandé "notre" pain et qui ne m'a pas donné du pain à moi mais le pain "à nous".

Je suis conscient aussi que l'homme ne vit pas seulement de pain, qu'il ne veut pas arriver seulement au cimetière, mais que pour sa vie éternelle il a bien besoin d'un pain, le pain de la vie: sagesse, foi, amour, pardon, paix,... l'Esprit Saint: c'est ce que je demande également chaque jour!

"Remets-nous nos dettes". Et pas seulement les miennes; je demande pardon aussi pour les autres: qui sait combien je suis moi-aussi complice des erreurs et de la tiédeur des autres!

Je ne les accuse pas pour ne pas m'accuser aussi. Je les pardonne généreusement afin que je puisse aussi être pardonné par Dieu qui emploie envers moi la même mesure que j'emploie pour mes frères: “ainsi que nous pardonnons...”.

"Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mauvais". Toute tentation vient du Mauvais, ennemi de Dieu et de l'homme.

Pour le tentateur c'est une embûche, pour l'homme la tentation devient une preuve de son amour pour le Père. Par les preuves l'homme peut montrer à Dieu qu'il l'aime vraiment au-dessus de tous et de soi-même aussi.

 

 

LA PEUR ET LA PAIX

La peur est une mauvaise conseillère et une mauvaise compagne de voyage. Personne ne voudrait avoir peur ... mais il arrive très souvent de rencontrer des gens qui disent: "J'ai peur".

Tu peux avoir peur des choses, des évènements déjà survenus, des vicissitudes qui t'attendent, des responsabilités que tu as assumées ou que tu vas assumer et tu peux aussi avoir peur de quelqu'un (même dans ta famille), tu peux avoir peur de toi-même.

D'où vient cette chose étrange qui est la peur. Certainement pas de Dieu. La peur ne peut pas venir de Dieu qui est Père, qui est Amour. De Lui vient la sérénité, la sécurité, la paix.

La peur, qui est un mal, vient du Mal. Le Mal - avec la lettre majuscule - que l'on appelle Diable ou Satan, fait peur parce qu'il veut dominer l'homme et qu'il ne peut le faire sinon par la peur tandis que Dieu se fait suivre moyennant l'amour (en cela le Mauvais ne sait pas imiter Dieu).

Voilà pourquoi à la Messe nous supplions Dieu afin qu'il nous délivre de tout mal, parce que nous n'aimons pas la peur.

"Avec ton aide nous serons délivrés de tout trouble". Certainement. Si nous nous mettons avec confiance sous le regard du Père, si nous faisons le "saut" de nous fier de Lui, notre âme commencera à vivre dans la paix, à jouir de la sérénité. Et cela surtout si nous serons "libres de tout péché" qui est le mal le plus indiqué pour enlever de notre cœur la joie, la confiance, la paix.

L'assemblée aussi ratifie ma prière avec l'acclamation "à Toi le royaume, à Toi la puissance". C’est un acte de foi: "Tu peux nous délivrer du péché et du mal car personne ne peut vaincre ta puissance. Tu es plus fort que toute autre force si seulement nous permettons que tu emploies pour nous”.

Une autre prière pour l'unité et pour la paix de l'Eglise nous introduit à l'échange d'un geste de paix. Nous demandons la paix: celle de Jésus Christ! La paix du Seigneur ne consiste pas en un manque de guerre ou de querelle, c'est bien plus.

Sa paix est l'échange de ses dons: ce qu'il a il nous le donne: voilà sa paix! La paix dont nous jouissons avec nos frères c'est aussi la jouissance que l'un a des richesses de l'autre: "ce qui est à moi est à toi aussi; jouis avec moi de ce dont je jouis". La paix est participation, copartage, communion.

Jésus fait la paix avec nous en se donnant soi même. Nous donnons la main au voisin et nous la retirons aussitôt: évidemment à l'église on ne peut ni on doit faire plus. C'est seulement un geste de paix. Mais ce geste ne doit pas rester seulement un signe, il doit être signe de la paix véritable que nous voulons faire rayonner le long de toute la semaine.

C'est le signe de ma volonté de partager avec tous les dons de Dieu: la foi, la prière, les expériences, les choses matérielles, parce que nous

sommes déjà une seule famille, celle de Dieu.

 

 

LES AGNEAUX ET LES LOUPS

Tu as donné un signe de ta volonté de paix à celui qui est à coté de toi. L'as-tu regardé dans les yeux? Lui aussi veut te dire, avec son geste simple et quotidien, qu'il veut être un frère ou une sœur pour toi. Tu te rappelles peut-être encore de lui maintenant que tu n'es plus à l'église. Regarde autour de toi: que de personnes ont donné le geste de paix! Où que tu sois, tu n'es plus complètement un étranger. Tu as une grande famille. Pour cela si tu as besoin d'aide ne crains pas de la demander et si tu peux aider quelqu'un ne crains pas de donner ton temps, tes choses, ton énergie. Laisse-toi aimer gratuitement par tes frères et aime gratuitement ceux qui ont besoin de quelque chose ou de quelqu'un. C'est ainsi que le signe de paix que tu échanges à la Messe se développe et ne devient pas un mensonge.

Maintenant c'est le chant "Agneau de Dieu" qui résonne. C'est une parole que l'on adresse à ton Seigneur, à Jésus-Christ. Pourquoi l'appelle-t-on ainsi? Pour plusieurs raisons. Avant tout c'est Jean-Baptiste qui l'a appelé ainsi. Mais pourquoi?

Jésus-Christ est l'agneau de Dieu parce que c'est Dieu qui l'a envoyé et avec son Sang, ce ne sont pas seulement les portes des maisons juives qui ont été marquées (comme le sang de l'agneau pascal des juifs) mais c'est notre âme qui a été lavée pour le salut éternel. C'est Lui qui s'est chargé de nos péchés et les a emportés avec lui... En outre Jésus Christ est aussi doux qu'un agneau qui ne se plaint jamais et qui, plutôt que de faire du mal se laisse dévorer par les loups...

C'est pour cela qu'en chantant il peut t'arriver de penser non seulement à Jésus mais aussi à ce qu'il a dit: « Voilà, je vous envoie comme des agneaux parmi des loups".

Lui est l'agneau de Dieu: si tu le manges ... tu deviens un avec Lui: toi aussi agneau, doux, conciliant, pacifique, incapable de penser et de faire le mal ni aussi de le rendre.

C'est une folie aux yeux d'un monde habitué à être violent et à répondre au mal avec le mal. Mais toi, chrétien "tu vaincras le mal avec le bien" dit St Paul. Et St Pierre ajoute: "Pour celui qui connaît Dieu c'est une grâce de souffrir parce qu'on est traité injustement", et aussi "ne répondez pas par des insultes à 'celui qui vous insulte; répondez au contraire avec de bonnes paroles car Dieu vous a appelés lui aussi à recevoir ses bénédictions".

Ni St Paul ni St Pierre étaient faibles ou illusionnés: ce sont des disciples qui ont bien appris la leçon du Maître et ils nous la répètent.

"Heureux les invités à la Cène du Seigneur". Qui sont-ils? Tout le monde est invité, tous ceux avec lesquels Jésus Christ s'est engagé: tous les baptisés. Toi aussi! Heureux les invités car une invitation de ce genre ne vient pas des hommes. L'invitation à la Cène du Seigneur c'est une invitation qui vient d'en Haut: heureux celui qui la reçoit.

Sais-tu que tu es un bienheureux? Te rends-tu compte de ta dignité puisque tu es invité par Dieu?

Mais si tu n'acceptes pas l'invitation ... tu refuses ce que Dieu peut te donner de plus grand. Si tu refuses ou ignores l'invitation tu deviens responsable de ta perdition, de ta tristesse, de ton vide intérieur, de ta solitude, de ton tourment.

Les invités qui participent à la Cène du Seigneur sont des heureux: ils jouissent de la joie de l'Esprit Saint -je ne peux te dire comment, tu dois essayer- ils sont amis de Dieu, indignes toujours mais amis. Ils ont la possibilité de comprendre et d'accueillir les frères, ils sont dans l'humilité que Dieu aime et qui ouvre les trésors de sa miséricorde. Ils savent très bien à qui ils appartiennent et cela leur donne la sécurité et la paix dans la vie, cette sécurité et cette paix qui te permettent d'affronter avec sérénité et courage les difficultés, les situations pénibles, les maladies, la mort.

La Communion au Corps du Christ c'est une véritable béatitude, une porte ouverte au ciel. Tu es invité. Va! Ne regarde pas à ce que pensent les autres, ne permets pas que les idées critiques et négatives des hommes puissent té faire renoncer à l'invitation de ton Dieu.

Tu es invité. Regarde celui qui t'invite: Y a-t-il quelqu'un de plus important que Lui? Va!

 

 

JE NE SUIS PAS DIGNE

"Seigneur, je ne suis pas digne de participer à ta table". Tous nous disons cela, même le prêtre et le Pape lorsqu'il célèbre.

Je ne suis pas digne: si je participe à la communion au Corps du Christ ce n'est pas parce que je suis quelqu'un d'important mais c'est seulement parce que c'est Lui qui m'a appelé. Le Seigneur a fait venir aux noces les handicapés, les aveugles, les bons à rien, même les méchants. Il m'appelle parce que je suis l'un d'eux. Je sais que je n'en suis pas digne mais il m'appelle tout de même.

Aucune des personnes qui vont à la Messe sont dignes de se communier. Il faut s'en rappeler sinon comment sera ton remerciement? Comme celui du Pharisien dont Jésus dit qu'il retourna chez lui pire que ce qu'il était auparavant?

Je ne m'étonne jamais que de grands pécheurs se présentent pour recevoir la Communion. Et non plus que de petits pécheurs viennent tous les dimanches ou tous les jours: c'est moi qui les invite, au nom de Jésus! Cependant je sais que souvent les grands pécheurs jouissent davantage de la sainte Communion par rapport aux petits pécheurs: ceux-ci en effet sont tentés de se croire dignes tandis que ceux-là non.

Avec cela ce n'est pas mon intention de pousser quelqu'un à devenir un grand pécheur mais j'invite tous à conserver et à faire croître une humilité véritable et convaincue. Qui est-ce qui n'a pas péché? Comment peux-tu juger l'importance de ton péché? Laisse à Dieu le jugement et toi demande pardon parce que tout manque d'amour et tout égoïsme ont éloigné de toi le Saint-Esprit. Tu as donc toujours une raison pour te considérer un grand pécheur.

Pendant que je distribue la sainte Communion normalement on chante. C'est la joie et l'adoration qui trouvent ainsi une expression communautaire. Quelqu'un préfère un moment de silence et de recueillement: c'est bon et saint. Celui qui désire le chant ne doit pas mépriser le désir de silence et vice versa. Ce sont des façons différentes de s'entretenir avec Jésus qui est devenu désormais un avec moi en me donnant joie divine et responsabilité également divine: si je suis devenu Corps du Christ j'agirai comme Jésus! Avec patience, avec mes incapacités, avec humilité sachant bien que je n'arriverai jamais complètement, confiant toutefois avec décision et abandon en son aide.

Celui qui ne participe pas, pour des raisons différentes (il se trouve en péché mortel, ou il vient de manger, ou il a déjà participé à une autre Messe dans sa paroisse ou il a peur que ses collègues de travail l'appellent "mange-hosties" et les amis le définissent "demi-prêtre" ou bien sa femme ou sa mère ne lui ont pas dit de communier) celui donc qui ne participe pas peut toutefois faire la "communion spirituelle": qui consiste en un dialogue avec Jésus pour l'inviter à prendre place dans son cœur: "Viens en moi, Jésus, je désire ta présence. Viens à ma rencontre, je t'aime et je te remercie de m'aimer et d'être mort pour moi. Dès que je pourrai, je participerai à ta table ... ". Ainsi personne ne restera spectateur. A la Messe et surtout au moment de la Communion il n'y a pas de spectateurs. Ou tu participes ou tu feins.

Ce pain que tu reçois on le porte aussitôt ou pendant la semaine aux malades. Ils ne peuvent venir à l'église mais ils ne sont pas privés de ce don de Dieu qui est leur plus grande consolation.

Ce sont eux qui participent d'une façon plus sensible aux souffrances de Jésus Christ et “les complètent au bénéfice de son Corps qui est 1'Eglise” dit St Paul. C'est pourquoi nous leur sommes reconnaissants et rendons plus véridique le don de la Communion en leur rendant visite en leur donnant ainsi, avec cette visite, un signe concret que leur Communion au Corps du Christ est une communion avec nous aussi qui sommes membres du même Corps.

Généralement c'est le prêtre qui se charge de ce service. Mais pour contenter le désir du malade -qui est aussi le désir du Seigneur- de recevoir la Sainte Communion plus souvent, le curé peut se faire aider par des fidèles préparés à cela et qui ont reçu de l'évêque ce mandat.

Le malade sait qu'il reçoit Jésus: peu importe les mains qui le lui offrent. Il sait bien que, comme il est indigne de Le recevoir, personne n'est digne de Le porter.

 

 

VA, DONNE CE QUE TU AS RECU

La Sainte Communion me fait participer d'une façon très simple, en mangeant un petit morceau de pain, à la foi de millions de croyants répandus dans le monde entier: elle me fait participer à la vie spirituelle des chrétiens qui vivent dans la simplicité des campagnes et dans la confusion des villes, des chrétiens qui combattent tous les jours contre les tentations de leur ègoisme et de ceux qui tous les jours doivent affronter l'opinion publique contraire à Jésus Christ. Par la Sainte Communion je participe à la foi des chrétiens qui vivent en prison, repentis de leurs délits et de ceux qui sont abandonnés dans les asiles ou qui languissent dans les hôpitaux ...

Chaque fois que je participe à la Communion je me mets en syntonie spirituelle avec les frères qui sont passés sur cette terre et jouissent maintenant du fruit du salut au ciel; avec les martyrs, les vierges, les pasteurs, les moines, les mères et pères de famille, avec tous les saints.

C'est en communion avec eux que je vis mes journées en vivant de ma foi. Et j'espère ne pas devoir trop rougir devant eux quand je les rencontrerai face à face.

La Sainte Messe termine ainsi avec cette Communion sacramentelle au Corps du Christ: Pain Eucharistique et famille qui se nourrit de Lui.

Encore un instant: partiras-tu de l'Eglise sans qu'on te le dise? Tu es entré, invité par le Seigneur. Ce sera Lui qui te dira de partir. Mais il te le dira en te confiant une tâche, une mission.

Il te bénit: rappelle-toi que tu es une personne bénie par Dieu, par Dieu le Père, par le Fils Jésus, par le Saint-Esprit. Tu portes sur toi les noms de Dieu, tu portes en toi la bénédiction. Maintenant va, répands-la partout où tu vas.

“Allez en paix”. Ce n'est pas une invitation à sortir de l'Eglise: c'est par contre une invitation à porter ce que tu as reçu de Jésus Christ là où tu passes ton temps. Porte aux frères et aux hommes dans le monde la communion de l'Esprit Saint, porte la Joie et l'espérance, porte le pardon et la nouvelle lumière que tu as reçue.

Je termine avec les parole que le Card. Conrad Ursi a prononcé à Canal San Bovo le 5 août ‘79; "Mes frères, après la Messe sortez-vous de l'Eglise en hommes nouveaux ou sortez-vous tels que vous étés entrés? Il est triste de penser que nous devrions nous renouveler chaque dimanche pour croître en un renouvellement et spiritualisation de la communion avec le Père et communion avec les frères dans une civilisation de grâce et d'amour; tandis que l'impression que l'on a c'est que de dimanche en dimanche augmente la corruption des mœurs même dans les pays chrétiens, même parmi les chrétiens. Et alors je vous demande: que recherchons-nous quand nous venons à l'église. Concrètement: étés-vous à la recherche du Christ qui devient l'eau qui vous désaltère, la nourriture qui vous suffit? Est-ce que vous vous en allez pleins de la lumière du Christ, pleins de la grâce du Christ? Est-ce que vous vous en allez comme Eglise plus unie, plus serrée autour de l'évêque, autour du curé? S'il n'en est pas ainsi, mes chers frères et sœurs, cela veut dire que votre recherche a été vaine, que c'est un rite que vous avez accompli mais à quoi a-t-il servi? A rien, à rien !

Le reproche que Jésus fait à ceux de Capharnaüm c'est le reproche de Jésus qui vient à moi, à vous si nous ne venons pas ici pour garder sa Parole au fond du cœur et pour nous transformer dans sa chair ressuscitée pour devenir hommes ressuscités, pour vivre une vie nouvelle dans la justice, dans la vérité, dans la grâce et dans la charité sociales''

 

 

PASSE ET FUTUR: AUJOURD'HUI!

Après avoir dialogué avec les hommes sur le moment le plus important de ma rencontre avec Toi Seigneur Jésus Christ, je viens devant Toi, à ta présence.

Dans la Messe j'ai vécu, très distraitement, l'expérience que tu as eu une seule fois, à Jérusalem, au Cénacle, avec les amis qui te suivaient depuis trois ans.

Je me suis rendu compte un peu de l'amour que tu avais pour eux et, à travers eux, pour moi aussi. Tu as agi d'une façon si simple et presque normale pour leur faire vivre, par des signes, le plus grand évènement de ta vie et de l'histoire de l'humanité: ta mort et ta résurrection. C'est par ton passage du monde des pécheurs au monde du Père que Tu nous a sauvés.

C'est vraiment à ta mort et à ta résurrection que j'ai pris part pendant la Messe. J'y ai pris part au moyen de signes, les tiens, mais la participation a réellement eu lieu: ma vie est présente à ton Calvaire, non comme la présence des soldats et de tes amis; c'est en effet ta présence à Toi qui se réalise en moi et en mes frères petit à petit; c'est ton passage de ce monde au Père: je m'en aperçois lorsque je vis selon ta Parole; alors je constate, même si j'en souffre, que ce monde s'éloigne et quelqu'un me le fait remarquer en me disant de tenir les pieds sur la terre! Mais tu sais que je veux justement déplacer mes pieds de ce monde-ci au monde du Père. C'est celui-là le monde que j'attends, le monde qui viendra.

Toi, avec cette Messe, tu m'as donné un avant-goût du monde qui viendra. Tu m'as donné un avant-goût du banquet des Noce de l'Agneau, de la joie de ma rencontre avec Toi quand tu reviendras dans la gloire.

Tu m'as fait vivre d'avance les temps futurs... un tout petit peu.

Oh, je sais que tu voudrais que je vive pleinement d'ores et déjà la joie éternelle mais je suis tellement incapable de la contenir! Je vis en ce corps qui attend la mort et tant qu'il n'est pas mort il ne peut arriver à sa plénitude parce qu'il lui manque le pas nécessaire, c'est pourquoi ta joie je dois encore l'attendre !

Je l'attends cependant plein de confiance et d’espoir parce que je sais que tu es en train de prier pour moi et pour tous ceux qui croient en Toi. Tu l'as dit à tes disciples justement pendant la Cène.

Tu es devant le Père comme un Agneau égorgé, comme un grand prêtre avec ton Sang versé: tu es ainsi devant ton Père pour moi, pour nous! Tu pries pour nous: je sais que tu demandes à ton Père de nous envoyer l'Esprit Saint. Et le Père t'écoute et t'exauce. Ainsi aujourd'hui il a envoyé l'Esprit pour sanctifier ce pain et ce vin sur lesquels étaient tendues mes mains en un geste d'obéissance.

Et à travers ce Pain et ce Vin que nous avons mangé et bu, l'Esprit a formé de nouveau ton Corps, ce Corps vivant que nous sommes, unis à Toi, Jésus.

Comme l'Esprit a formé ton Corps saint dans les entrailles de Marie, ainsi l'Esprit aujourd'hui donne la vie de nouveau à ton Corps, un Corps qui rend présent ton amour sur le monde entier: l'Eglise!

Jésus, l'Eucharistie ne termine pas: je continue à te remercier, et chacune de mes actions veut en être la preuve, parce qu'il ml est possible d'être membre de ton Corps, parce qu'en me tenant serré à ton Corps, l'Eglise, il m'est possible de recevoir la puissance de ton Esprit. Prends chacun de mes souffles comme un remerciement de ma part et comme une nouvelle supplication!

Merci parce que je suis déjà en Toi dans ton cœur, aie pitié de moi parce que je n'y suis pas encore tout à fait; mes péchés nous tendent toujours des pièges mais le Père écoute Ta prière!

 

 

TABLE DES MATIERES

 

UN SALUT

LES PECHES

A L'ECOUTE

CHANTER ... ET PRECHER

EST-CE QUE TU CROIS?

DEUX FAMILLES: CELLE DE DIEU,

CELLE DE SES ENFANTS

LE PAIN ET LE VIN

LA POCHETTE DU SACRISTAIN

REMERCIEMENT, SOURCE DE SALUT

LA VIE DANS LE PAIN

LE SANG

SACRIFICE ET CALICE

MYSTERE ET FOI

L'ESPRIT ET L'EGLISE

PERE

LA PEUR ET LA PAIX

LES AGNEAUX ET LES LOUPS

JE NE SUIS PAS DIGNE

VA, DONNE CE QUE TU AS

PASSE ET FUTUR: AUJOURD'HUI